Manifestations de la maladie
Les symptômes sont assez faciles à identifier : après incubation, des nodules apparaissent au niveau des muqueuses situées sur la tête du sujet ; différents gonflements ou œdèmes sont visibles à hauteur des membres et autour des organes génitaux ; la température grimpe, l’animal perd l’appétit et demeure dans un état d’abattement général. Alors, au bout d’une semaine ou deux, aveugle et fiévreux, le lapin meurt des suites d’une infection opportuniste (une pneumonie, le plus souvent).
Une maladie introduite sciemment par l’homme
Le virus fut d’abord décrit et isolé à la fin du XIXe en Uruguay, à partir de lapins sauvages. Sur les individus autochtones, sa puissance létale était moindre – mais on s’est vite rendu compte que, sur son cousin européen, elle pouvait être dévastatrice. Certains pays, qui devaient faire face au développement exponentiel de ces animaux, ont donc cru bénéfique de faire appel au virus à des fins de régulation. En 1950, l’Australie introduisit sur son territoire des lapins auxquels on avait inoculé la maladie : en quelques années, le taux de mortalité atteignit les 90%.
Le docteur Paul Armand-Delille
En France, une initiative personnelle fut à l’origine de la situation que nous connaissons aujourd’hui. Cela est d’autant plus dramatique qu’il s’agit d’un éminent scientifique : le docteur Paul Armand-Delille (1874-1963). Membre de l’Académie de Médecine et vice-président de la Société de Biologie, cet homme était propriétaire d’un vaste domaine de 300 hectares situé dans l’Eure-et-Loir et dont il exploitait, avec son fils, les parties non boisées.
Chaque année, il faisait détruire près de 4000 lapins sur ses terres… mais cela n’était à ses yeux pas suffisant. Ayant eu connaissance des « méthodes » utilisées en Australie, il parvint à se procurer un échantillon du virus et, sur deux lapins capturés chez lui, introduisit à son tour, en juin 1952, le funeste « agent biologique » : quelques semaines plus tard, 90% des lapins présents sur son domaine étaient morts ou à l’agonie.
Mais ce qu’ignorait alors le professeur, c’est que la contamination s’effectue pour une large part au moyen des populations de moustiques. Les enceintes de son domaine ne purent donc, comme il l’avait initialement imaginé, stopper les progrès de l’épidémie provoquée par ses soins. Et c’est ainsi que la myxomatose se répandit dans toute l’Europe – avec les conséquences que l’on sait.
Quelles solutions ?
A proprement parler, il n’existe pas de traitement contre la myxomatose. On peut faire acte de prévention en luttant contre les parasites vecteurs du virus au sein des terriers et garennes – mais cela paraît très difficile à réaliser sur des habitats importants.
Un vaccin existe, certes, et qui est efficace ; cependant, pour obtenir des résultats significatifs, il faudrait pouvoir l’inoculer à 70% (minimum) des lapins vivant sur un territoire donné… Ce qui paraît, là encore, extrêmement malaisé à mettre en œuvre – hélas, car, en dépit des dégâts qu’il peut causer, le lapin de garenne reste un merveilleux animal de chasse et, en quelque sorte, l’âme de bien des campagnes !