Quelques mots sur l’épagneul breton

Publié le 21 mai 2019
Auteur Vincent Piednoir
Célèbre cynégète des Alpes du XIXe siècle, Alpinus (Henry-Frédéric Faige-Blanc, de son vrai nom) avait coutume de dire que le chien est la « meilleure moitié de l’homme ». Difficile de ne pas souscrire à ce propos, surtout lorsque l’on chasse ! Aussi a-t-on choisi de parler aujourd’hui de l’une des races les plus courantes et communes sous nos latitudes, afin de poursuivre l’évocation de nos chers auxiliaires à quatre pattes au sein de ce blog, à savoir : l’épagneul breton.

L’épagneul breton, une origine peu certaine

Excellent chien d’arrêt, capable de lever, et tout à fait apte au rapport, l’épagneul breton serait un descendant des fameux chiens d’oysel, chers à Gaston Phébus (XIVe siècle), comte de Foix et vicomte de Béarn, auteur de l’incontournable Livre de la Chasse, qui fit autorité durant plusieurs siècles dans la riche littérature cynégétique.

Cela dit, ses origines sont toujours sujettes à caution : d’aucuns avancent qu’il descendrait par croisement du setter anglais, quand ce n’est pas d’autres races… N’importe ! Ainsi que le dit la Société centrale canine : « Ce chien est notoirement bien antérieur à la création officielle de la race, en 1907. »

L’épagneul breton et le gibier

Un chien qui privilégie la plume

De taille moyenne, de poil soyeux lorsqu’il est jeune puis plus rêche avec l’âge, l’épagneul breton mêle généralement à sa robe blanche des taches marron, brunes, orange ou tirant sur le roux, parfois même noires. Certaines ondulations sont visibles sur la gorge, et tout au long des jambes, antérieures comme postérieures.

Vif, très affectueux (surtout les femelles, je parle d’expérience), c’est un chien qui aime chasser seul avec son maître, et qui a tendance à être jaloux (moins cependant que les fox – références en la matière, pour ce qui me concerne).

A ses côtés, on peut en toute confiance privilégier la plume, et particulièrement la bécasse, que l’épagneul breton, quoique peu enclin à broussailler (contrairement au fox !), ira chercher n’importe où, dès lors que l’inspire le sentiment de cet oiseau.

Etonnant d’ailleurs comme ce chien prend spontanément, instinctivement sur la bécasse : je me souviens à cet égard d’une chienne mal nommée, qui s’appelait Misère, têtue et joueuse, nez très fin et parfois difficile à contrôler, mais qui, toute jeune, sans avoir jamais aperçu la moindre bécasse, prenait sur elle avec un naturel confondant, et l’arrêtait dans les ronciers les plus épineux !

Il n’est pas fait pour le grand gibier

S’il peut être volontiers ombrageux, sinon cabochard, surtout l’âge venant, l’épagneul est (je parle, encore une fois, de mon expérience propre) tout aussi volontiers trouillard lorsque, par hasard, l’on tombe, à la billebaude, sur quelque animal imposant.

Comme la plupart des chiens, il prendra facilement sur la voie du chevreuil (ce qu’il faut éviter à tout prix !), mais, devant la perspective d’un sanglier remisé dans une enceinte ou un roncier, il changera tout à fait de comportement… Ce que j’ai pu vérifier souvent. Là, ce n’est plus la même musique ; il perd alors toute son assurance, ce qui montre l’atavisme attaché à sa race, et c’est heureux.

L’épagneul est un chien d’arrêt : et certainement il n’est point fait pour le grand gibier, par essence !

 

Par contre, il affectionne aussi le petit gibier

Cela dit, dans un tout autre ordre d’idée, ce chien n’est assurément pas attaché par nature et par sélection à la seule plume, comme on a coutume de le dire : le lapin et le lièvre lui plaisent aussi beaucoup.

Le lapin ? Rien de plus évident, me direz-vous. Et, en effet, rares sont les chiens de chasse qui ne se laissent pas séduire par cet animal – comme par le chevreuil, du reste.

Le lièvre ? C’est une autre affaire. Celui-là a un « sentiment » très subtil, et il en joue. Pour brouiller ses voies – tous les chasseurs un peu attentifs le savent –, il pratique différents bonds et « improvise » de multiples faux-gîtes, avant de se choisir un vrai gîte où prendre place, surtout dans les zones humides, qu’il affectionne.
Résultat ? Chiens et hommes peuvent aisément passer à côté, et constater son départ en retour… Sauf que certains épagneuls bretons (comme quelques autres bons chiens) sont capables de ne pas s’y laisser prendre. Non seulement ils peuvent arrêter quelque vieux bouquin rompu à l’art de se dissimuler, mais, en plus, il en est qui n’hésitent pas à rapporter comme le meilleur retriever.
Mieux : j’ai vu, un jour, une chienne épagneul, fille de celle que j’ai évoquée précédemment, partir après mon coup de fusil derrière une hase que je pensais vraiment avoir loupée, la rattraper à la course et prendre celle-ci dans la gueule pour la déposer à mes pieds. J’ai estimé la course à environ trois cents mètres, tambour battant. Sans cette chienne, le lièvre, qui n’était pas léger, était perdu. Et je sais que ça n’est pas le seul exemple.

L’épagneul breton, un chien d’arrêt qu’il vaut mieux faire chasser seul

Je ne suis pas un « spécialiste » de cet admirable chien, qui est, hors chasse, un compagnon d’une fidélité exemplaire, comme nombre de chiens d’arrêt. Néanmoins, son caractère à la fois rustique et délicat, son élégance, sa finesse de nez et son aptitude au rapport ne laissent pas de me séduire.

Un conseil pour finir, qui vaut sans doute pour tous les chiens d’arrêt : il faut éviter autant que possible de faire chasser notre épagneul avec d’autres chiens, du moins dans un premier temps, et ne jamais le mélanger, comme on le voit trop souvent, avec des leveurs, des rapprocheurs, des broussailleurs ou autres ! Le mélange des genres est ici à proscrire.

En effet, comment un chien d’arrêt peut-il chasser selon sa nature, s’il sent autour de lui ses congénères quêter… différemment ? L’arrêt est une pose difficile que votre auxiliaire s’efforce de tenir, comme un danseur de ballet : à peine sera-t-il perturbé par l’extérieur qu’il la perdra… Or, l’épagneul breton est d’abord une chien d’arrêt.

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