Cette petite construction en dur enterrée, bien camouflée, sert d’abri pour la chasse au bord de la mer ou au marais. Nous sommes en région Normande, dans l’estuaire de la baie de Seine. J’admire à notre arrivée depuis notre campement le paysage pittoresque d’un coucher de soleil sur le pont de Normandie. Que dire, les canards véritables chanteurs sont en place bien alignés en forme d’étoile ; les appelants sont en nombre ; siffleurs, colverts, sarcelles, pilets… les blettes en mousse regroupées jouent leurs rôles et se fondent dans le paysage.
Derniers préparatifs avant la passée du soir, ranger la hutte et ordonner l’espace pour nous accueillir à 4 dans un 11m2 double couchette avec kitchenette. Ce luxe est rare dans la famille des huttiers qui se contentent d’habitude de plus sommaire.
Les canards sont au chant, la hutte est en place, l’attente peut commencer dans une ambiance bien du nord, chaleureuse à souhait. Le repas convivial, réchauffe lentement, quand soudain tout s’arrête et se fige, les appelants donnent de la voix, nous éteignons la lumière et ouvrons les fenêtres latérales pour scruter l’horizon aux jumelles étant attentif à la moindre silhouette d’une pose de canards qui aurait répondu aux sirènes des appelants.
Fausse alerte… nous nous mettons à table autour d’un bon pot au feu noyé au vin rouge. Le temps passe et les canards nous bercent. Nous sommes briefés sur la tournée des veilleurs de nuit, les couchettes sont confortables à souhait, je passe mon tour et m’endors.
Sorti de mon sommeil, il est 4h du matin, j’endosse mon rôle groggy. Guetter la moindre ombre, les sens en éveil. L’ouïe affutée, je tends l’oreille ; une cacophonie ambiante entre ronflements, sifflements et coin coins… Le regard au loin entre pénombre et silhouettes, ma vue scrute l’horizon. Les moindres changements, mouvements et agitations sont suspects. Je ne suis pas seul mais bien entouré de cette scène unique ou chacun assure sa mission à merveille. Spectateur de la nature qui m’entoure, je fais partie du décor sans m’en apercevoir.
Le soleil se lève sur le pont de Normandie, je suis fatigué, n’ai rien tiré car aucune pose ne s’est présentée mais suis heureux d’avoir vécu cette expérience unique de huttier. Il est temps de remballer ce théâtre vivant, de saluer les acteurs et de tirer le rideau sur cette pièce en baie de seine.
En conclusion, je repense à l’attente, la boue, la bouffe et me dis que le meilleur est encore à venir et tant mieux pour les canards qui n’y ont laissé aucune plume !
Les derniers conseils ; pour cette expérience, j’étais habillé de la tête aux pieds en série grand passage, armé d’une semi-auto Maxus Camo Max5, munitions Winchester Extended range bismuth et d’une paire de Kite Optics Toucan.